Cet entretien a été réalisé dans le cadre de la troisième édition du magazine La plus belle façon d'embaucher.
Elles le soulignent toutes les deux : Isabelle cumulait, au regard des critères classiques d’employabilité, toutes les cases pouvant rebuter un potentiel employeur : femme, maman solo, plus de 45 ans, résidant dans un quartier prioritaire et reconnue comme travailleuse handicapée. « Elle cochait à elle seule cinq critères souvent rédhibitoires, alors qu’elle avait une volonté de fer, ça je l’ai perçu tout de suite », commente Nathalie Genestroni.
Effectivement, Isabelle a un parcours professionnel chaotique, surtout du fait de gros pépins physiques ayant contrarié sa carrière, et non pour d’autres raisons. Une succession de déboires qui n’a jamais entamé sa farouche volonté de travailler : elle avait déjà effectué plusieurs reconversions, changé de voie, suivi avec succès des formations qualifiantes… mais, pourtant, se retrouvait, à 46 ans, en fin de droit de chômage, qui plus est avec un enfant encore jeune à charge. « J’étais dans une situation de grand stress, sans emploi depuis deux ans, pour la première fois de ma vie. Je ne voulais pas me retrouver au RSA, et surtout je ne désirais qu’une chose : travailler, pour à la fois gagner ma vie et m’épanouir. » Son destin lui apporta la solution, en mettant sur sa route Nathalie Genestroni, qui ainsi revêtait les atours d’une bonne fée !
« Marie, la meilleure amie d’Isabelle, est ma voisine d’habitation. En septembre 2020, le quartier organisait une Fête des voisins. Marie m’explique alors que son amie Isabelle vient la voir, et demande si elle peut venir avec elle à la fête. Je réponds positivement, évidemment. Quand il y a un verre de rosé pour un, il y en a pour dix ! », raconte Nathalie, sous le regard amusé d’Isabelle. Voilà qui illustre parfaitement la nature de Nathalie.
La suite est simple : au détour d’une conversation, Nathalie entend Isabelle expliquer qu’elle est en recherche d’emploi, mais que ce n’est pas facile au regard de son statut de travailleuse handicapée. Elle rebondit aussitôt, réflexe professionnel enclenché : « Moi, je vous veux, justement. Envoyez-moi votre CV ce week-end et rendez-vous lundi dans mon bureau ! » Isabelle est estomaquée, elle n’ose y croire… Et pourtant.
Dès le jeudi suivant, elle participait à l’obligatoire réunion collective d’informations, puis passait un entretien individuel, aboutissant sur une PMSMP (Période de mise en situation en milieu professionnel). « Un premier essai qui a duré trois jours, car il s’agissait d’un poste posé, 8 heures de suite, avec port de charges et gestes répétitifs, et c’était impossible », raconte Isabelle.
Échec qui conduit Isabelle à aller retravailler quelque temps en EHPAD, en dépit de ses douleurs récurrentes… « Et puis quelques semaines plus tard, fin décembre 2020, un nouveau poste est créé dans l’entreprise Omerin, là où Isabelle avait fait son test, emploi qui semblait être fait sur mesure pour Isabelle, qui signe alors un contrat de professionnalisation de 12 mois », retrace Nathalie, qui n’avait jamais laissé de côté le dossier de sa protégée. « J’étais novice, il m’a fallu cinq mois pour être bien opérationnelle et, depuis, tout va bien. Je m’épanouis pleinement dans cette entreprise, spécialisée dans les câbles électriques et gaines tressées. Comme quoi, il ne faut jamais baisser les bras et savoir accepter les mains tendues », complète Isabelle, heureuse.
Durant un an, Isabelle a suivi le protocole habituel en cours dans les Geiq, à savoir obtenir une qualification professionnelle (agent de fabrication industrielle) en alternance, avec 5 semaines de formation en centre et de la formation en situation de travail dans l’entreprise. Un exemple parmi bien d’autres pour le Geiq Indisloire qui, créé en 2012 après une fusion, compte aujourd’hui 16 adhérents et emploie 60 salariés. « Nous sommes juste la canne des bénéficiaires, ils s’appuient sur nous avant de voler de leurs propres ailes. Rien n’est possible sans leur volonté, l’évidence même », conclut, modeste, la bonne fée Nathalie Genestroni, qui aime les happy end.
Isabelle, la battante
Pas le genre à se plaindre, Isabelle, qui toujours affiche une attitude positive et conquérante, en dépit de moments vécus douloureux. Après treize années à travailler dans l’alimentaire, son entreprise licencie nombre de son personnel, dont Isabelle, en 2009. Elle décide alors de se reconvertir comme assistante de vie aux familles, se forme et travaille cinq années en EHPAD, au service des autres. Hélas, de graves soucis de santé la contraignent à cesser cette activité et elle doit subir plusieurs interventions chirurgicales, touchée au dos et aux cervicales. Puis nouvelle reconversion dans le secrétariat et la comptabilité, « mais rester assise derrière un bureau, ce n’était vraiment pas fait pour moi ! J’avais davantage pris ce job par dépit que par envie, alors j’ai finalement arrêté ». S’en suivent donc deux années sans emploi, sachant que son statut de travailleuse handicapée complique ses recherches, « car ça fait peur aux employeurs, souvent ». Elle est suivie par une structure chargée d’accompagner les personnes handicapées dans leur recherche d’emploi. Sans succès probant, jusqu’à la rencontre « magique » avec Nathalie Genestroni.
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Arrivé en France à l’âge de 15 ans, ce Guinéen brillant a été pris sous l’aile du Geiq BTP 85 et du groupe Eiffage, pour devenir quelques années plus tard un des meilleurs apprentis de France en installation sanitaire.
Déjà en étroite collaboration depuis 2015, la Fédération Française des Geiq et Pôle emploi viennent de signer une convention afin de favoriser le développement des Geiq existants et l'implantation de nouveaux Geiq. L'objectif porté par l'État et la fédération est commun : augmenter les possibilités de parcours d’insertion en alternance et proposer des solutions concrètes de retour à l’emploi durable.