Comment est né ce Geiq Sport Provence-Alpes- Côte d’Azur et quelles étaient vos motivations ?
Hervé Liberman : Si officiellement ce Geiq a été fondé fin 2020, nous étions plusieurs à y penser depuis déjà un moment, consécutivement à la loi NOTRe de 2017. La DREETS (Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités) a permis de lancer cette réflexion autour des métiers du sport et de l’animation, alors qu’il n’existait qu’un Geiq sport, je crois, à l’époque, dans le nord. Et puis le Covid est survenu, et tout s’est arrêté…
Lucette Coste : Le CROS avait déjà un groupement d’employeurs sport-emploi, mais cela ne couvrait pas tous les départements de la région et il manquait tout le volet formation et accompagnement. Les besoins étaient là, forts, aussi nous sommes parvenus à convaincre tous les CDOS (Comité Départemental Olympique et Sportif) de se rassembler pour créer un Geiq. L’idée était également de sécuriser les emplois, très particuliers puisque à temps partagé entre plusieurs structures. En s’unissant nous pouvions proposer une continuité dans les missions des salariés, leur donner de la visibilité et rendre les métiers du sport plus attractifs. Ainsi, le Geiq Sport PACA est un collectif d'associations, piloté par ses adhérents. Il regroupe des structures associatives et des collectivités qui parient sur le potentiel de personnes connaissant des difficultés pour accéder à l'emploi afin de résoudre leurs problèmes structurels de recrutement, en organisant des parcours d'insertion et de qualification.
Hervé Liberman : Le poids de l’emploi dans le sport est important dans notre région, avec plus de 5 500 salariés sur les six départements, soit l’équivalent de 4 500 emplois temps plein dans 2 300 structures employeuses. Cela représente une masse salariale brute de 105 millions d’euros par an. Souvent, un emploi c’est quelques heures de cours données dans plusieurs clubs, d’où l’intérêt du groupement d’employeurs, associé à la création d’un Geiq qui vient sécuriser les parcours de formation, qui, selon les qualifications, vont de 6 à 24 mois. Les synergies de tous les CDOS ont ainsi permis une meilleure mutualisation des emplois sportifs à temps partiel.
Lucette Coste : Oui, comme le dit Hervé, notre atout majeur réside dans la force de notre réseau olympique sportif pour développer notre Geiq. C’était d’ailleurs notre argument majeur pour convaincre la Fédération Française des Geiq qui se demandait comment nous allions pouvoir agir efficacement sur un territoire aussi vaste… Les résultats sont là, puisqu’en quatre ans d’existence nous sommes passés de 28 salariés en apprentissage dans 22 structures, à 100 apprentis dans plus de 70 structures ! Et ce développement se poursuit. Aujourd’hui notre Geiq emploie 5 salariés permanents, ils seront 7 à la rentrée de septembre. Je souligne que tout est facilité par le fait que groupement d’employeurs et Geiq sont hébergés dans les locaux du CROS, ce qui fluidifie grandement la communication, les échanges, car tout le monde se connaît. D’ailleurs, Émilie est directrice à la fois du groupement d’employeurs et du Geiq.
Émilie Barthes : 100 % des salariés ont des contrats d’apprentissage et nous les formons selon les besoins des structures, associations essentiellement, CDOS, mais aussi quelques collectivités qui nous font remonter les informations. Nos adhérents expriment leurs besoins et nous les prenons en compte pour former des personnes qui, souvent, étaient bénévoles ou bien éloignées de l’emploi, car l’insertion est évidemment un axe majeur des Geiq. Plusieurs métiers font l’objet de formations allant de 6 à 24 mois : éducateur sportif, évidemment, mais aussi personnels administratifs (secrétaire, comptable), agents de développement, chargés de mission, chargé de communication. Les structures doivent relever de la Convention nationale du sport pour pouvoir accueillir des apprentis. Et comme le disent Hervé et Lucette, notre force réside dans un maillage important du territoire, le contact direct avec nos adhérents, ce qui permet de diffuser très rapidement et efficacement les informations à destination des bénéficiaires.
Lucette Coste : Notre objectif est double, puisque nous aidons les structures à former leurs salariés de demain et Émilie est là pour trouver des compléments d’activité aux temps partiels, grâce à la vision globale que nous avons des besoins, des clubs. Les personnes éloignées de l’emploi représentent une manne pour le sport ! Il y a là un grand réservoir qu’il nous faut savoir repérer et accompagner. Tout ceci est clairement acté dans le projet associatif que nous avions monté en 2020. N’oublions pas qu’en France, outre les métiers annexes, l’accès au métier d’encadrant sportif est réglementé pour garantir la sécurité des usagers. Il est conditionné à la détention de qualifications professionnelles certifiées par l’État ou la branche professionnelle du sport. Pour cela, le Geiq Sport PACA oriente son projet associatif autour de trois axes politiques : 1. Permettre à des personnes éloignées de l’emploi de s’engager dans des parcours d’insertion et de qualification à travers l’alternance. 2. Accompagner et soutenir ces publics tout au long de la formation et dans leur insertion professionnelle. 3. Contribuer au rayonnement des membres fondateurs en développant une politique durable d’insertion et de qualification professionnelle visible de tous.
Hervé Liberman : Ces résultats rapides sont dus au fait que la réflexion était entamée depuis plusieurs années avant la création du Geiq, car il fallait nous préparer à l’après JO Paris 2024, puisque les estimations avancent + 20 % de licenciés dans les clubs. Donc il fallait anticiper cela, aussi bien du point de vue des structures que des encadrants formés, ainsi que des administratifs. Il fallait impérativement que nous soyons prêts ! Aussi nous remercions sincèrement les Geiq de nous avoir tendu la main et de nous avoir fait confiance, car sans eux nous ne serions pas parvenus à ces résultats très prometteurs.
Focus sur le CROS Région Sud
Le Comité Régional Olympique et Sportif de la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur est issu de la fusion, le 25 novembre 2017, du CROS Provence-Alpes et du CROS Côte d’Azur, tous deux créés en 1974. Constitué sous la forme d’association loi 1901, le CROS est l’organe déconcentré du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF). À l’instar du CNOSF à l’échelon national, il réunit 83 adhérents que sont les Ligues et Comités régionaux représentant des fédérations sportives. Son rôle est de représenter et défendre les intérêts du Mouvement Olympique et Sportif territorial, tout en déclinant la politique du Comité National. Le CROS a pour mission de développer la pratique sportive, sauvegarder et diffuser l’Olympisme, préserver le patrimoine sportif régional. À cette fin, il décline, en tenant compte des spécificités locales, les orientations et actions initiées par le CNOSF, et se confère aux orientations, valeurs et principes fondamentaux énoncés par la Charte Olympique et le CIO. Il agit au travers d’activités d’intérêts communs aujourd’hui réparties en quatre grandes thématiques sur la feuille de route du CNOSF :
- Sport & Éducation et Citoyenneté
- Sport & Professionnalisation
- Sport & Santé et Bien-être
- Sport & Politiques Publiques et Haut Niveau Traitée dans le cadre des actions de Citoyenneté du CNOSF, la RSO (Responsabilité Sociétale des Organisations) a été volontairement détachée par le CROS Région Sud pour constituer une thématique en tant que telle. Cette politique RSO se retranscrit en effet dans toutes les décisions et activités du CROS, d’où la volonté de la développer indépendamment.
À ces thématiques s’ajoute une dynamique d’action transversale : l’accueil des Jeux Olympiques et Paralympiques en 2024 et son héritage.