« Nous faisons du sur-mesure depuis 30 ans ! »

Implanté dans le dense bassin d’emploi lyonnais, le Geiq Agrologis s’appuie depuis sa création sur l’individualisation des parcours de formation comme socle d’expertise et d’accompagnement à l'emploi et à l’insertion professionnelle. Entretien avec Frédéric Gavaudan, à la tête de deux Geiq (Agrologis et Gemlog 69), qui revient en détail sur un système qui fonctionne bien, notamment par son adaptation permanente aux besoins du marché du travail couplé à ceux de bénéficiaires souvent éloignés de l’emploi, et avides d’être formés.

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Quelle est la signification du nom de votre Geiq,Agrologis ?

Frédéric Gavaudan : Il s’agit d’un nom formé par une contraction de deux mots, agroalimentaire et logistique. Pour comprendre, il faut remonter à la création de notre Geiq, un des plus anciens de France, en 1994, par huit entreprises adhérentes. Il y avait des besoins dans ces deux domaines, qui depuis sont séparés : un Geiq pour la logistique, un autre dédié à l’agroalimentaire. Une scission due à l’explosion du secteur de la logistique au début des années 2000, et comme ce n’étaient plus les mêmes métiers, nous avons préféré scinder le Geiq en deux structures autonomes.

 

Pourquoi avoir dès le début choisi d’axer vos efforts sur l’individualisation des parcours de formation, process qui était peu utilisé à l'époque ?

Cela s’est imposé au regard des besoins spécifiques des milieux économiques et des demandeurs d’emploi. L’idée qui nous semblait logique, pour faire correspondre au mieux l’offre et la demande de travail, était de partir du potentiel et du projet professionnel de chaque candidat. Cela permet une approche très large des publics rencontrés et de développer l’accueil d’un maximum de candidats intéressés. La démarche centrale est vraiment de favoriser par tous les moyens l’insertion de chaque profil, chacun étant vraiment très différent. Et adapter chaque contrat de professionnalisation en fonction de chaque individu, selon les compétences et les expériences. Si depuis quelque temps cette idée d’individualiser les parcours de formation fait florès, nous on fait cela depuis plus de 30 ans !

 

N'est-ce pas trop compliqué d’ainsi individualiser intégralement chaque parcours, en termes d’organisation et de gestion RH ?

Cela demande du travail supplémentaire et beaucoup d’agilité, c’est pourquoi nous possédons notre propre centre de formation, pour lequel les équipes ont la capacité à accueillir chaque bénéficiaire pour le former et l’accompagner. Chez nous, il n’y a pas de système de promotion de nouveaux entrants, les entrées et sorties sont permanentes, et gérer ce flux demande une organisation bien huilée. Sur la base des référentiels professionnels, nous avons mis en place un process efficace d’adaptation à chaque profil dès son entrée, le tout bien évidemment en fonction des besoins spécifiques des entreprises. Des contrats de professionnalisation de 12 mois sur des postes d’agent de fabrication, agent de conditionnement, conducteur de machines, agent hygiéniste industriel. En termes de rythme et de contenu, chaque parcours est ainsi adapté, sur la base des savoir-faire et savoir-être des bénéficiaires. Cela fonctionne bien également par le lien permanent entre nos formateurs et les tuteurs en entreprise.

 

« Chaque parcours est adapté : près de 100 personnes sont accompagnées chaque année ! »

 

Quels sont les profils des bénéficiaires que vous recrutez ? Et comment faites-vous pour assurer votre promotion ?

À 70 ou 80 % il s’agit de publics dits « prioritaires », donc des personnes éloignés, sortis de l’emploi ou du système scolaire, car c’est une des vocations des Geiq de se préoccuper de ces personnes parfois en difficulté ou un peu perdues. Il y a à peu près autant d’hommes que de femmes, nous arrivons à parité, avec une moyenne d’âge de 35 ans. Nous parvenons difficilement à mobiliser les jeunes, c’est l'un de nos axes de développement, car les besoins en recrutement sont importants sur notre bassin économique de l’Est et Sud-Est lyonnais. Pour atteindre un maximum de publics, nous passons par une cinquantaine de structures classiques, associatives et institutionnelles, et effectuons un travail de sourcing permanent. En termes de communication, nous sommes également actifs, via des actions d’information et de sensibilisation aux métiers qui recrutent, trop souvent méconnus.

 

Quels sont vos axes de développement pour le Geiq que vous dirigez ?

Aujourd’hui, 13 entreprises adhèrent à notre Geiq, porté par FERGUSS, qui accompagne une centaine de personnes chaque année, soit une trentaine par mois selon les entrées et sorties du dispositif. 

Nous avons trois axes de travail :

  1. Développer notre réseau dans les entreprises, dans le secteur de l’agroalimentaire, qui en raison de la pyramide des âges a de forts besoins de recrutement.
  2. Contribuer au développement des entreprises adhérentes à notre Geiq, c’est important pour grossir et ainsi pouvoir répondre aux besoins évoqués dans le point précédent. L’implication des entreprises est fondamentale.
  3. Maintenir une dynamique forte auprès des publics, des partenaires et des prescripteurs malgré l'incertitude concernant les futures évolutions politiques liées à l'emploi. Cela nous permettra de répondre à notre mission d'entreprise : faire en sorte que chacun et chacune trouve sa place dans la Société, dans les sociétés.
     

Pour finir, il faut rappeler que le secteur agroalimentaire n’a jamais été en crise, les entreprises tournent toujours. Ce fut d’ailleurs le cas lors de la crise du Covid, car finalement tout le monde a toujours besoin de se nourrir !

 

Clément régale et se régale !

Focus sur l’un des parcours exemplaires accompagnés par le Geiq Agrologis, en la personne de Clément, qui a su s’emparer du tremplin professionnel qui lui était proposé, l’optimisant même au maximum.

Pour ce jeune homme, tout a débuté au printemps 2022, par le biais d’une POE (Préparation Opérationnelle à l’Emploi), un dispositif qui lui a permis de découvrir un milieu professionnel durant un mois. Cette expérience lui a donné l’opportunité de valider une réorientation professionnelle dans l’agroalimentaire avant de se lancer dans un parcours en alternance avec le Geiq Agrologis. 

La validation du projet professionnel de Clément lui a permis d’intégrer un parcours emploi-formation de 12 mois, au sein de l’entreprise Pastacorp, spécialiste des produits pastiers depuis plus de 150 ans. Entre mai 2022 et mai 2023, il a préparé un Certificat de Qualification Professionnelle (CQP) de « Conducteur de machines ». La motivation et la persévérance de Clément lui ont ensuite permis de décrocher son CQP. Mais Clément ne souhaitait pas s’arrêter là : ses qualités et son potentiel lui ont ouvert les portes d’un nouveau parcours emploi-formation, du 1er juin 2023 au 25 mai 2024, afin de monter en compétences et viser cette fois le CQP de conducteur de ligne. L’alternance s’est déroulée au sein de l’entreprise Voisin, chocolaterie familiale artisanale haut de gamme installée à Lyon depuis 120 ans. La rencontre à valeur ajoutée entre Clément et l’entreprise Voisin a permis à chacun de grandir : Clément a décroché un emploi durable dans son entreprise d’accueil et Voisin a intégré un collaborateur motivé au sein de son équipe. Gagnant-gagnant.

 Le parcours de Clément incarne à merveille les valeurs et l’efficacité du Geiq Agrologis. Depuis 30 ans, l’un des pionniers des groupements d’employeurs accompagne et forme des collaborateurs pour répondre aux besoins en recrutement des entreprises sur le bassin Lyon-Sud-Est, notamment dans des métiers en tension tels que conducteur de machines, conducteur de ligne et chef d’équipe. Grâce à cet engagement, des collaborateurs comme Clément trouvent leur voie et contribuent à la réussite des entreprises !