« Nous sommes des réducteurs d'incertitudes »

On doit cette belle formulation, qui claque comme un slogan, à Paul Desjariges, coordinateur du Geiq Sport et Loisirs Auvergne. Des incertitudes qui concernent aussi bien les jeunes en formation que les structures qui les accueillent, considérant le Geiq comme un médiateur, une interface rassurante pour toutes les parties. Partons à la découverte d’un jeune Geiq créé en 2020, qui, avec quelques 35 contrats annuels d’alternance, estime avoir atteint sa vitesse de croisière.

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Comment pérenniser le dispositif « Passer le cap », mis en oeuvre par l’État via Jeunesse et Sport, qui accompagnait des jeunes en formation, mais qui était trop déficitaire ? Tel était l’objet du mémoire de fin d’études de Paul Desjariges, qui allait aboutir à la fondation du Geiq Sport et Loisirs Auvergne. « En fait, nous faisions déjà tout le suivi socio-professionnel, l’accompagnement des personnes en formation, mais ce n’était pas valorisé contrairement au dispositif Geiq, bien connu et référencé. Alors quand une étude nationale sur les Geiq dans le secteur sportif a été lancée, comme nous planchions déjà de notre côté sur le sujet, nous avons tissé des liens et tout s’est bien goupillé, en quelque sorte, grâce à ce concours de circonstances », raconte le coordinateur, qui gère le dispositif Geiq sous l’égide de sa directrice, Svetlana Gjorgjievski. Ainsi, une fois l’association créée en juillet 2020, portée par un collectif de 45 associations adhérentes, le premier contrat de professionnalisation était signé dès octobre 2020. Depuis cette période, 115 contrats sont recensés, à raison de 35 annuellement. « Un flux de croisière annuel qui correspond aux besoins des clubs, car nous ne sommes pas un département très peuplé, avec 330 000 habitants dans l'Allier », poursuit Paul Desjariges, dont la mission de coordinateur est notamment d’assurer le relais entre jeunes en formation et structures, d’assurer des temps complets à des salariés en temps partagés.

 

Alternants sur plusieurs activités : l'essence même du Geiq

« En devenant un Geiq, notre volonté était aussi de moderniser nos formations déjà existantes et les optimiser sur le territoire, afin d’avoir à éviter de faire 1 h 30 de voiture pour aller sur Clermont-Ferrand pour se former ». Effectivement, l’intérêt de créer un Geiq était multiple, adapté aux contraintes et demandes de ce petit territoire. Quels sont les besoins des structures accueillantes, essentiellement des clubs sportifs ? Évidemment des éducateurs sportifs, puisque l’essentiel des formations sont celles du BPJEPS, mais aussi du personnel pour les fonctions dites « support », à savoir administratifs, comptables, gestionnaires, ressources humaines, voire communication. « Le schéma classique est l’association entre une collectivité et un club, pour satisfaire aux besoins des deux à temps partiel. Un éducateur pourra ainsi être présent quelques heures au service du club, et quelques autres à celui de la collectivité, pour ses centres de loisirs ou interventions en milieux scolaires. Et comme j’aime à le dire, notre rôle, à nous le Geiq, est d’être un réducteur d’incertitudes, aussi bien pour les jeunes que pour les structures. Nous assurons l’interface en sécurisant les dispositifs, grâce notamment aux aides de l’État, soit 6 000 € par an par alternant », détaille Paul Desjariges. Ce partage des alternants sur plusieurs structures est une spécificité, « l’essence même de ce que nous faisons, car c’est nécessaire dans le cadre de la formation au BPJEPS d’exercer des activités dans trois domaines différents ».

Concernant le recrutement des alternants, on retrouve un peu les mêmes types de profils, « avant tout des personnes aptes à encadrer des enfants, c’est évidemment fondamental dans nos activités très réglementées. On ne s’improvise pas éducateur sportif ! D’où la période d’essai de deux mois qui vise à évaluer les postulants et si certains ne conviennent pas nous les dirigeons vers un service civique », tient à préciser le coordinateur. Quant à la promotion du dispositif, pas besoin de grandes campagnes médiatiques ou sur les réseaux sociaux, car l’essentiel se fait par le bon vieux bouche-à-oreille ! « Logiquement nous avions, au début, commencé par les clubs de foot, ce fut notre porte d’entrée naturelle, spontanée, car c’est dans cette discipline qu’il y a le plus de pratiquants et de besoins. Puis nous avons ensuite essaimé via d’autres sports. Ainsi 90 % des recrutements se font par des réseaux personnels, un peu en diffusant les infos dans les lycées. Par exemple, tous ceux en formation cette année ont été envoyés vers nous par des copains ! Souvent des jeunes bacheliers qui ne souhaitent pas faire STAPS en université, où on enregistre 66 % d’échec… Et souvent pas besoin non plus d’un Bac + 5 », développe et argumente Paul Desjariges, qui, lui-même sportif, connaît aussi bien son milieu que son public. Quant à savoir si les JO Paris 2024 vont venir bouleverser les équilibres, si les demandes vont affluer dans les clubs, Paul Desjariges est circonspect : « J’y crois plus ou moins… Il risque d’y avoir certes une croissance de demandes d’adhésions à des clubs, mais qui ne sera pas exponentielle à mon avis. Mais si tel était le cas nous aurons bien du mal à faire face, car déjà, pour prendre l’exemple des clubs de gym, ils sont déjà quasiment à saturation et peinent à accueillir tout le monde. Donc, oui, ça pourrait être acrobatique ! Après ce n’est pas juste une question de nombre d’éducateurs sportifs, mais aussi de possibilités logistiques des structures d’accueil, aussi bien en termes d’équipements que de créneaux horaires… ». Citius, altius, fortius… mais pas trop tout de même !