Saïd, quand le handicap est une force

Ce qui frappe en premier chez Saïd Ajabbar, c’est son sourire et son regard lumineux, comme s’il envoyait des rayons de soleil à ses interlocuteurs. Assurément une belle personne, qui, à 35 ans, travaille aujourd’hui en CDI au sein de l’agence orléanaise du groupe ONET, dirigée par Nathalie Riché, qui pilote quelque 400 salariés. « Si ce n’est pas la première fois que nous recrutons une personne atteinte d’un handicap, en revanche c’était nouveau de passer par le Geiq, auquel nous sommes adhérent », raconte Nathalie Riché, qui poursuit ainsi : « J’avoue qu’au départ j’étais un peu réticente, pas par ses capacités à travailler, puisqu’il l’avait déjà fait dans le nettoyage ailleurs, mais plus par peur qu’il éprouve des difficultés à communiquer avec les autres, ses collègues. Mais finalement mes craintes ont vite été balayées, Saïd s’est super bien intégré à l’équipe. Il est volontaire, autonome, toujours agréable, efficace, consciencieux… Une réussite, j’en suis très contente. Bref, la recrue idéale ! »

Avant d’intégrer ONET, Saïd Ajabbar a connu diverses expériences, dans plusieurs secteurs d’activités : « J’ai fait des ménages pour une autre société mais les conditions n’étaient pas satisfaisantes pour moi, rien n’était adapté à mon handicap, j’étais épuisé. J’ai aussi travaillé dans l’industrie du parfum, la logistique ou encore dans une entreprise de peinture. Mais à chaque fois ça ne pouvait pas durer ainsi, toujours pour les mêmes raisons. C’est alors que j’ai été contacté par le Geiq. Je ne savais pas ce que c’était, je leur ai répondu et nous nous sommes rencontrés. » Propos corroborés par David Pain, le directeur du Geiq Avenir Handicap, historiquement créé et basé sur Tours, à une centaine de kilomètres d’Orléans. « Nous menons régulièrement des campagnes de communication et de recrutement via nos différents partenaires, comme Pôle emploi ou Cap emploi, ainsi que sur différents réseaux sociaux. C’est par ces biais que nous avons repéré et contacté Saïd, qui s’est vite montré intéressé par notre proposition, à savoir de l’accueillir dans un de nos parcours de formation et intégration. C’était en juin 2021, et, après avoir été formé en interne, avec son binôme Hakim, Saïd a signé son CDI en janvier 2022 », retrace David Pain.

Chacun y a mis du sien pour son intégration

Pas le premier CDI pour Saïd, qui en avait déjà signé deux par le passé, rompus pour les raisons évoquées plus haut. Et il s’en montre enchanté, à l’écouter, via Laura, son « interface de communication » pour cet entretien, traductrice en LSF (Langue des Signes Française) : « Franchement, je suis très heureux désormais, car on tient compte de mon handicap pour les différentes missions, ce qui change tout par rapport à avant. Je me sens bien, c’est vraiment super ! En plus ce travail est varié, on ne fait jamais la même chose, et pas toujours dans les mêmes endroits. Parfois je travaille seul, ou alors en équipe, tout dépend des chantiers à réaliser. » Constat partagé par son encadrante Virginie Meyer, la responsable d’exploitation, en charge de l’organisation et du suivi des plannings : « Moi aussi j’avais une petite appréhension quant à la bonne intégration de Saïd dans nos équipes, et puis c’est passé vite, le temps que tout se mette bien en place. Désormais, nous voudrions faire évoluer Saïd professionnellement, via d’autres formations. » À propos des potentielles difficultés de communication, chacun y a mis du sien pour se faire comprendre, via la gestuelle, les messages écrits, ou encore les échanges par SMS ; chacun a trouvé sa solution pour bien communiquer avec Saïd, là également réside le secret de son intégration. Un succès collectif.